Le rêve d'Augusta...

Le rêve d'Augusta...

13 April 2024Frédéric Raymond

*Cet article a été traduit à partir de la version originale anglaise publiée en 2017.

Je me souviens de ce moment comme si c'était hier. Lors de la dernière ronde du Masters de 2003, Mike Weir se tenait au-dessus d'un putt de 7 pieds sur le 18ème green pour forcer la prolongation contre Len Mattiace. Âgé de seulement 10 ans à l'époque, je me souviens clairement à quel point j'étais excité et inspiré lorsque le putt a disparu dans le trou. Aujourd'hui, lorsque les gens parlent des Masters classiques, l'édition de 2003 n'est pas nécessairement ce dont les gens discutent avec passion. Ils parleront de la victoire de Jack en '86 ou débattront de laquelle était la plus incroyable entre la première victoire de Phil en 2004, celle de Tiger en '97 ou son fameux "Return to Glory" de 2019. Cependant, je peux vous dire qu'au Nord, nous étions fous de joie lorsque Mike Weir a remporté la supplémentaire et le titre. Pour la première fois dans l'histoire, un Canadien allait enfiler le veston vert de vainqueur du Masters.

Je suis né dans une maison qui vénérait Augusta National et chaque début avril, depuis que je me souvienne, a été une occasion pour notre famille de passer du temps ensemble en préparation pour la saison de golf à venir. Au fil du temps, cela est devenu une sorte de tradition sacrée pour nous de nous asseoir devant la télévision pendant presque quatre jours d'affilée (et même plus maintenant... merci "Live from the Masters"). Pour les Canadiens, ce ne sont pas seulement les scénarios présentés par les diffuseurs ou le parcours toujours parfait qui nous attirent dans le salon. Le timing est incroyable aussi, arrivant à un moment où le printemps commence à se montrer et où nous ne supportons plus le froid. La beauté pittoresque d'Augusta National est tout simplement inspirante au moment où nous en avons le plus besoin.

Alors, lorsque j'ai reçu la nouvelle de mon père André que nous avions l'opportunité de vivre le Masters de 2017 sur place avec des billets pour le tour d'entraînement du mercredi, vous pouvez imaginer mon excitation. Pour la première fois, j'allais parcourir un terrain que j'ai appris à respecter au plus haut point et vivre quelque chose que j'avais toujours espéré avoir la chance de faire "un jour".

Comme si fouler le sol d'Augusta National n'était pas suffisant en soi, nous avons eu l'opportunité unique de décrocher des billets pour Berckmans Place, l'expérience VIP du Masters.

Avant la semaine, je suis allé en ligne pour essayer de trouver des informations sur ces billets et voici certaines des choses que j'ai lues :

"...le site d'hospitalité le plus exclusif et élaboré de tous les sports."

"Imaginez que quelqu'un vous donne des billets pour le Superbowl. Sur la ligne des 50 yards, qui plus est. C'est l'équivalent le plus proche de Berckmans Place..."

Et voici ma réaction à l'époque :

Cela se produit-il vraiment ?!

Je suis sûr que vous pouvez comprendre que lorsque nous avons conduit vers le sud en direction de la Georgie, nos attentes étaient assez élevées. Après tout, combien d'années avions-nous regardé le Masters et écouté Jim Nantz nous vendre cet endroit comme le plus beau morceau de terre que l'on puisse trouver?

Permettez-moi de faire une pause pour un instant et de vous confirmer l'évidence : Nous nous sommes éclatés et nous avons été tout sauf déçus.

Nous sommes arrivés à Augusta le mardi après-midi. La première chose qui nous a frappé a été l'atmosphère incroyable en ville, même si l'on pouvait évidemment s'attendre à une telle ambiance pendant la plus grande semaine de l'année pour la région. Nous avions aussi l'impression que la ville elle-même n'était pas aussi petite qu'on nous l'avait dit. Nous avons fait notre enregistrement dans la maison où nous logions après avoir conduit autour du parcours et réalisé à quel point l'aire de stationnement à côté d'Augusta National était immense. Nous avons été impressionnés par les infrastructures entourant le parcours et toute l'installation nécessaire pour accueillir un tel événement. On peut facilement dire que l'ANGC s'attend à beaucoup de monde, évidemment. 

Nous nous sommes réveillés tôt le mercredi matin avec l'intention claire de profiter de chaque seconde que nous aurions à Augusta National. Nous savions que le mauvais temps était prévu et il n'était pas question de perdre du temps. Notre navette est arrivée la première à la porte de Berckmans Place, 15 minutes avant l'ouverture des portes. Entrer à Berckmans Place a été toute une expérience. D'abord, cet endroit est immense. Abritant cinq restaurants différents, une belle boutique et des souvenirs incroyables, on a vraiment l'impression que c'est la perfection. Après avoir pris un petit déjeuner rapide et quelques articles dans la boutique de cadeaux, nous avons mis les pieds sur le parcours de golf dès son ouverture aux spectateurs. De l'endroit où nous sommes entrés sur la propriété, nous sommes arrivés à côté du green du 13ème et avons commencé à marcher sur le parcours à partir de là. Autant nous entendions parler du mauvais temps à venir, autant la température matinale était en fait bien agréable.

Nous avons marché du 14ème au 18ème, nous arrêtant à peu près partout pour prendre des photos et profiter de différentes perspectives de chaque trou (ce que vous êtes autorisé à faire que pendant les rondes d'entraînement). Pendant que nous faisions cela, nous avons évidemment eu quelques flashbacks de différents grands moments de l'histoire du Masters. J'ai essayé de visualiser le chip incroyable de Tiger alors que nous étions à côté du green du 16ème tandis que mon père parlait du putt légendaire de Jack en 1986 alors que nous arrivions au 17ème.

En se promenant, il est plus facile de comprendre pourquoi Augusta National n'a pas historiquement été un lieu favorable pour les compétiteurs qui expérimentent le terrain pour la première fois. Bien que le parcours soit large pour la plupart et qu'il faille travailler dur pour trouver un mauvais lie n'importe où, la complexité des verts est évidente. De nombreux plateaux différents préparent le terrain pour des emplacements de drapeaux extrêmement difficiles qui nécessitent certainement une bonne connaissance du parcours et une expérience du tournoi. Nous l'avons tous entendu auparavant et pourtant j'étais stupéfait par la sévérité de certaines surfaces.

Après avoir remonté le 18ème, nous nous sommes arrêtés un moment et avons regardé quelques gars s'entraîner sur le green d'entraînement à côté du départ du 10ème. Parmi d'autres, Brandt Snedeker, James Hahn et Scott Piercy se préparaient avec le putter avant leur tour d'entraînement. Tout ce secteur autour du clubhouse est vraiment inspirant et nous étions particulièrement intrigués par les célèbres "cabins" à côté du trou n°10 qui accueillent les membres et leurs invités lorsqu'ils jouent à Augusta National. De là, nous avons parcouru le reste du parcours, du trou n°1 au green du 13ème. Nous avons suivi Jordan Spieth, Matt Kuchar et Stewart Hagestad et avons aperçu Justin Rose, Toto Gana et quelques autres.

Très honnêtement, autant c'est un privilège spécial de regarder les pros du PGA Tour frapper la balle et jouer au golf, notre plus grand intérêt était d'explorer la propriété et le parcours de golf.

Sur ce, voici quelques réflexions personnelles suite à cette première visite :

1.  Le trou n°1 n'est pas facile pour commencer. Vous ne voulez pas vous frotter au côté droit (bonjour, bogey +) et la zone d'atterrissage nécessite de la précision.

2.  Il est en parfait état (mais ça, vous le saviez déjà). Même pendant une semaine pluvieuse.

3. Le trou n°6 est absolument magnifique et à mon avis très sous-estimé. Il y a de grands arbres derrière le green qui offrent une vue magnifique depuis le tee.

4. Le 10ème est probablement mon trou préféré sur le parcours. Le deuxième coup en descente vers le green offre une scène superbe. Une vrai pente de ski!

5. Amen Corner est définitivement spécial, mais nous avons à peine eu le temps de rester cinq minutes avant que la sirène ne s'entende en raison du mauvais temps. Je n'aurai pas le choix de revenir pour l'apprécier en détail!

6. Le 13ème est particulièrement ondulé, plus que je croyais, et probablement l'un des trous les plus cool à jouer pour l'aspect risque & récompense du deuxième coup.

7. Le deuxième coup du 15ème est loin d'être surévalué. C'est une approche vraiment tentante vers un green qui n'est pas très profond.

8. Le 18ème semble plutôt étroit depuis le tee. C'est définitivement un coup qui fait réfléchir sous pression.

Alors que nous venions de finir de marcher sur le parcours, la sirène a retenti et nous avons été prié d'évacuer le parcours de golf.

À ce moment-là, nous avons eu la chance de pouvoir retourner à Berckmans Place pour dîner et explorer un peu le bâtiment. À l'intérieur, sur l'un des murs, j'ai découvert que "Fruitland Nurseries", qui occupait le terrain avant Augusta National, était la propriété d'immigrants belges portant des noms à consonance française (Louis et Prosper Jules Alphonse Berckmans). En tant que Québécois, cela a bien sûr attiré mon attention.

Nous n'avons pas pu retourner sur le parcours après qu'il ait été officiellement fermé pour la journée peu de temps après le lunch. Je suppose que nous aurions pu être un peu déçus, mais nous avons pu parcourir tout le golf le matin et franchement, il était difficile de ressentir une quelconque déception au milieu d'une journée aussi unique.

Nous avons quitté Berckmans Place et Augusta National avec un sentiment difficile à décrire. Nous venions littéralement de réaliser un rêve et je pense que reconnaissants serait probablement le mot le plus précis pour décrire ce que nous ressentions.

De retour à la maison au Québec juste à temps pour le week-end, c'était extraordinaire de regarder les dernières rondes à la télévision tout en pouvant comprendre la diffusion comme jamais auparavant. En soi, la capacité de regarder le Masters de cette manière pour le reste de notre vie est peut-être l'une des choses les plus géniale de toute cette expérience.

Lorsque Sergio Garcia a réussi son putt pour birdie au premier trou de prolongation, notre salon a littéralement explosé. La fierté forte que les gens du monde entier ont ressentie pour l'Espagnol a prouvé une fois de plus comment les événements sportifs et les accomplissements impressionnants ont cette incroyable capacité de nous unir tous. Tout comme Mike Weir l'a fait pour les Canadiens en 2003, je suis sûr que l'Espagne est devenue folle cette nuit-là.

Nous pouvons tous être reconnaissants envers Augusta National pour des moments comme ça.

Je le suis certainement!

Frédéric Raymond
Directeur général et Professionnel en titre
Golf La Tempête

P.S. Un merci du fond du cœur aux personnes qui ont rendu cette expérience possible.

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